THÈSE DE DOCTORAT

Sous titre
Une sociologie de la co-existence en contexte de “revitalisation urbaine”. Analyse des effets sociaux de la programmation de la mixité sociale dans le territoire du canal à Bruxelles.
Chercheur.e.s
Thèse
Une sociologie de la co-existence en contexte de “revitalisation urbaine”. Analyse des effets sociaux de la programmation de la mixité sociale dans le territoire du canal à Bruxelles
Jury
Michel Hubert (USL-B) (président du jury), Eric Charmes (Université de Lyon), Amélie FLAMAND (École Nationale Supérieur d’architecture de Clermont-Ferrand), Pierre LANNOY (ULB)
Sources de financement
Mandat d’assistante à l’Université Saint-Louis - Bruxelles
Date de début
Date de fin

Au départ d’un objet politique, cette thèse construit la mixité sociale comme un objet de recherche pour les sciences sociales. Elle propose une sociologie de la co-existence dans les espaces urbains transformés par la programmation de la mixité sociale, qui prend au sérieux les rapports ordinaires que les résidents entretiennent avec ces espaces et avec l’autre dans ces espaces.
Après un cadrage théorique du regain d’intérêt pour la mixité sociale dans les politiques urbaines contemporaines en Europe de l’Ouest, la thèse met en lumière les principes normatifs et les enjeux auxquels la programmation de la mixité sociale tente de répondre dans le territoire du canal à Bruxelles, et avec quels instruments. Cette analyse est complétée par une revue de la littérature sur l’échec de cette programmation en regard des objectifs annoncés. Ensuite, en montrant les limites des analyses en termes d’« effets pervers », elle développe une approche critique alternative visant à confronter des principes normatifs à une réalité sociale. La question posée est : comment le formatage d’« espaces d’hétérogénéité sociale programmée » contribue à produire des formes sociales spécifiques, et quelles sont ces formes ? Cette approche articule des lectures pragmatistes de la ville et des lectures structurelles, autour notamment d’une conception symbolique de l’institution, pour interroger les rapports à l’espace dans leurs dimensions sociales, pratiques et vécues. Elle permet en outre de sonder les jeux d’échelles micro/macro au travers desquels opère la médiation de la ville dans les processus de co-existence étudiés.
Le matériau empirique, collecté au cours d’enquêtes de terrain et de parcours commentés, est présenté au travers de trois monographies de quartier, dans chacune desquelles est élaborée une configuration socio-spatiale de co-existence. Chaque configuration montre des rapports spécifiques entre des groupes d’ « anciens » et de « nouveaux » résidents, noués autour d’un différentiel de pouvoir dans la gestion des rapports à l’autre. La thèse suggère que cette tension est fondée sur la mobilité éprouvée et qu’elle prend des formes particulières selon la restructuration spatiale et sociale du quartier.
Pour terminer, un focus sur les « nouveaux propriétaires » permet d’interroger leurs aptitudes spécifiques dans la gestion de la co-existence. Trois modalités idéal-typiques de gestion éclairent, d’une part, la façon dont la programmation de la mixité sociale contribue à la diversité des pratiques au sein d’une population homogénéisée dans la littérature. Ces trois modalités montrent, d’autre part, que les principes normatifs et idéologiques inscrits dans la matérialité des espaces ciblés octroient un pouvoir particulier à ces « nouveaux propriétaires », celui d’en faire des supports d’engagement et de désengagement dans la co-existence.